juin 29, 2007

De la Nuit Lente ....

Voici un texte que j'écrivais voilà quelques semaines tandis que j'assistais consternée, au défilé des parasites Grand voyageur de renom, qui empoisonnent l'air aseptisé des TGV Paris-Lyon. A l'occasion de la première Nuit Lente s'étant déroulée à Lyon le 9 juin 2007, je le lisais à nos amis présents.

Les costards-cravates déambulent comme autant de soldats plastifiés à la défense de l'idéologie du Grand Capital. Ils marchent au pas, mallette en main, brushing au crâne et au cœur. L'esprit au garde-à-vous ! « Un pas de plus et je dégaine mon micro-ordinateur et étale mes chiffres à vous redonner du cœur à l'ouvrage! »
Ils brandissent leurs titres de transport : leur droit d'être transportés.
Ils ont le droit, ils sont droits : ils ont payés.
Majorité silencieuse qui ne s'exprime qu'à coups de sonnerie de téléphone cellulaire.
Marketing-profit-affaires

Il approche à pas de loup, mais avec de gros sabots celui qui prétend remonter le pays ; celui qui soit disant redonnera la parole à ces « pauvres » oubliés silencieux. Il abattra le fléau de mai 68. (Mais à qui veut-il faire croire que l'esprit de mai 68 hante la politique ???) Il rétablira l'ordre et le mérite. « Il faut que les gens prennent conscience qu'ils doivent se remettre au travail! » Travaillez plus ! Vous gagnerez plus pour n'en pouvoir rien faire !
Contentez-vous de vous nourrir et d'avoir un toit insalubre : et continuez à travailler, dur, dur !
Jusqu'à épuisement.
Mais, ne nous remerciez pas ! Il s'agit là de votre bon droit : travailler et engraisser notre capital !
Alors, les téléphones cellulaires pourront sonner de plus belle, les courbes du CAC40 monter, monter et crever le plafond, le patronat s'obésifier et les travailleurs anorexiques tendre à devenir translucides.

Non camarade, ami, frère !
NON, mille fois NON
car tu es en proie à ce cauchemar, tu ne le laisseras pas prendre forme complètement et lorsque le réveil retentira, tes bras, ton cœur et ton esprit se débattront et passeront à l'offensive.
Tu enverras valdinguer cette réalité grotesque. Ouvre ta bouche, crache tes douleurs, vomis cette bile qui pollue tes tripes à la gueule de tes oppresseurs.
Ce cauchemar tend à se réaliser chaque jour un peu davantage et nous ne voulons pas faire de notre humanité une abomination absurde.

Nous regardons notre frère de labeur, l'éclat endormi dans ses yeux répond au notre, cet échange, cette similitude nous donne du baume au cœur : il est seulement endormi.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Qu’est ce que La Nuit Lente ? Partant de l’idée que l’art doit être réalisée par tous, il nous est venu l’idée d’essayer de l’appliquer bien que ce soit à une échelle microscopique et donc sur un terrain expérimental. Que définissons-nous par « art » ? Nous éviterons aujourd’hui ce sujet dynamite et nous nous contenterons de le définir comme l’expression libérée du fardeau de la morale.
Il s’agit donc d’offrir une « scène » à qui souhaite s’exprimer, faire partager un texte, personnel ou pas, chanter ou improviser. Ce Mouvement Lent est le pilier de la soirée. Cette soirée veut être un moyen pour ceux qui travaillent ou se dirigent vers des métiers qui n’ont pas de liens directs avec « l’art ». Il s’agit de permettre à ces personnes de réaliser leur art.
Il y a eu par le passé des tentatives de ce genre comme ce fut le cas dans les années 70. A Besançon et Sochaux, des cinéastes comme Chris Marker et Jean-Luc Godard aidèrent des ouvriers de Peugeot notamment à se constituer en groupe cinématographique en leur apportant du matériel et un savoir technique.
Cette idée se concrétisa lorsque les ouvriers d’une usine chimique de Rhodiaceta à Besançon assistèrent à la projection du film sur leur grève de mars 1967 ( A bientôt j’espère de Chris Marker et Mario Marret). Les ouvriers se plaignirent de la manière dont ils furent filmés. Un des ouvriers en vint même à cette opinion : « On est filmé comme des pingouins ! » Ils reprirent alors à leur compte le vieux proverbe : « On est jamais aussi bien filmé que par soi-même ! » Ils formèrent alors le groupe l’Iskra tandis qu’à Sochaux se forma le groupe Medvedkine.
C’est dans la même démarche que nous souhaitons aborder « l’art ».